Le trio Wanderer donne un concert de très haute volée à l’auditorium de Poitiers

 


On ne présente plus le trio Wanderer qui, plus de trente ans après sa création, a fait son chemin pour devenir l’un des plus grands ensembles de musique de chambre en activité. Le concert était initialement prévu le 13 avril dernier, mais il a dû être reporté au 7 juin pour raisons médicales. On ne peut que se réjouir qu’une date de repli ait été trouvée tout en regrettant que le public n’ait pas complètement suivi, d’autant que c’était l’occasion de terminer la saison sur un concert de musique de chambre remarquable.


Les trois hommes se connaissent depuis de longues années et cela se voit tant sur le vaste plateau de l’auditorium qu’après le concert pendant la dédicace. La soirée débute avec le trio pour piano et cordes N°39 HobXV 25 de Joseph Haydn (1732-1809) ; l’interprétation des trois hommes est dynamique, claire, nette précise et les départs, donnés en alternance d’une manière fort discrète. Haydn trouve en ce beau et talentueux trio un interprète remarquable de sa musique de chambre. Si l’ensemble est certes très beau, le second mouvement sonne comme une berceuse sous les doigts magiques de Coq, Phillips-Varjabédian et Pidoux ; on en regretterait presque que le chef d’oeuvre de Haydn ne dure qu’une petite quinzaine de minutes. Avec le trio avec piano et cordes en fa majeur opus 80 de Robert Schumann (1810-1856) on passe dans une ambiance très différente ; si l’on est encore au début de la période romantique, c’est surtout l’exemple de son épouse Clara qui tira Schumann vers le haut. L’opus 63 que les Wanderer interprètent ce mardi soir est le plus connu des trois trios qu’il composa pour piano ; mais c’est aussi le plus énigmatique à mes yeux. Mais ne nous y trompons pas, la musique de ce trio de Schumann est superbe et résonne dans l’auditorium avec une luminosité sans égale. Au retour de l’entracte et après un changement de pupitre (celui de Raphaël Pidoux a décidé qu’il n’avait plus envie de porter la tablette magique du violoncelliste qui laisse passer un trait d’humour rafraîchissant), les trois musiciens entament le trio pour piano en mi bémol majeur opus 100 de Franz Schubert (1797-1828). C’est le thème principal du second mouvement que l’auditeur ne peut manquer de reconnaître ; d’abord joué au piano, puis au violoncelle et enfin au violon, cette musique sublime qui n’est pas sans rappeler le magique second mouvement du concerto pour clarinette du divin Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), entre autres exemples. Mais le thème principal du dernier mouvement est tout aussi envoûtant et ne laisse pas insensible un public, certes peu nombreux, mais conquis par un trio de musiciens visiblement survolté. C’est le violoniste Jean Marc Phillips-Varjabédian qui annonce le bis : la 6e Dumka extraite du quatuor pour piano et cordes en mi mineur opus 90 d’Anton Dvorak (1841-1904) dont la très belle interprétation clôt en beauté une soirée de très haute volée.


Ce dernier concert de la saison 2021/2022 a tenu toutes ses promesses tant par rapport à la qualité exceptionnelle des musiciens présents sur le plateau de l’auditorium que par rapport au programme présenté. Je regrette juste que le public se soit délité suite au report du concert ; je ne manquerai pas de tenir mes lecteurs au courant de la prochaine saison dans une annonce qui paraîtra fin août début septembre.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 7 juin 2022. Joseph Haydn (1732-1809) : trio pour piano N°39 Hob XV 25 ; Robert Schumann (1810-1856) : trio avec piano et cordes en fa majeur opus 80 ; Franz Schubert (1797-1828) : trio pour piano en mi bémol majeur opus 100 ; bis : Anton Dvorak (1841-1904) : 6e Dumka extraite du quatuor pour piano et cordes en mi mineur opus 90. Vincent Coq, piano ; Jean Marc Phillips-Varjabédian, violon ; Raphaël Pidoux, violoncelle. Trio Wanderer.

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