Money time : un spectacle très étonnant mélangeant basket et opéra

 


En plus de quarante cinq ans de mélomanie, il m’est arrivé de voir des spectacles sortant de l’ordinaire. Mais celui auquel j’ai assisté hier soir avait de quoi laisser pantois n’importe quel mélomane averti tant l’alliance basket/opéra est totalement improbable. Et pourtant, l’ensemble était tellement bien préparé que c’est passé sans aucun problème ; car la compagnie « Les variétés lyriques », qui présentait ce spectacle hors normes, a réalisé un énorme travail de recherches, de préparation physique et de répétitions pour arriver à un résultat bluffant, voire même complètement ahurissant. En résumé Money time rassemble environ deux cent personnes : artistes lyriques et choristes professionnels et amateurs, des basketteurs de tout âge ayant un bon niveau sportif (comme demandé dans l’appel à candidatures) et des danseurs amateurs. Autant de personnes qu’il faut faire cohabiter sur un terrain de basket. Car même le match, avec ses coaches, ses cheers leaders – ou pom-pom girls - , ses arbitres et ses mascottes est mis en scène. Bref, tout est réuni pour que le public passe un excellent moment.


Une ambiance de folie


S’agissant d’un match de basket qui est, dans cette petite ville très axée sur ce sport, on entre directement, et bien avant le début du match, dans une salle chauffée à blanc par les deux chorales, l’une, supportrice de l’équipe « Les licornes », l’autre supportant « Les panthères ». les tambours, qui accueillent le public dès l’accès au hall d’entrée contribuent grandement à l’ambiance électrique et festive de la soirée.


Un match et un concert imbriqués dans un ballet improbable


Si l’idée de mélanger musique classique et basket peut paraître saugrenue, le résultat est à la fois très surprenant et très sympathique car l’on se prend très vite au jeu en essayant d’identifier les extraits d’opéra et d’œuvres instrumentales choisis par Les variétés lyriques pour ce concert sportif unique et irrésistible. Car les basketteurs et les artistes se mélangent et revêtent chacun les maillots des deux équipes et s’échauffent avec une rigueur inégalable. Et après les discours, vient le moment de « l’hymne » ; on ne peut que sourire en reconnaissant, dans cet hymne officieux le premier aria de Sarastro « O Isis und Osiris » - extrait de La flûte enchantée - de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Le match, lui, se déroule comme n’importe quel autre match de basket même si l’on remarque quelques incohérences dans l’arbitrage et les extraits du requiem de Mozart et du Barbier de Séville de Gioachino Rossini (1792-1868) lèvent rapidement les doutes sur l’identité des coaches et d’une parties des « basketteurs » en les voyant chanter tout en jouant. Mais on ne peut aussi que se montrer admiratif en voyant les solistes évoluer d’un bout à l’autre du terrain avec le ballon tout en chantant des œuvres difficiles. Les premiers points marqués pour Les Licornes sont accompagnés par le très martial « Gloire immortelle de nos aïeux » extrait du Faust de Charles Gounod (1818-1893) ; quant au chœur des pélerins extrait du Tanhauser de Richard Wagner (1813-1883) interprété juste au moment de l’accident (qui n’en est pas un car nous sommes aussi au théâtre) du dénommé Bernard apaise pendant un moment les « tensions » qui hantent le terrain. Pendant la pause entre les deux mi-temps, les mascottes dansent un pas de deux hilarant sur la musique du Lac des cygnes de Piotr Tchaïkowski (1840-1893).


Un spectacle qui est aussi très rock’n roll


Mais « Les variétés lyriques » ont aussi programmé quelques morceaux de variété et de rock’n roll qui mettent du peps à la fin du match « spectacle » notamment le finale qui suit la fin du match et la victoire des Licornes avec deux points d’avance pendant la « prolongation »


Si j’ai adoré ce spectacle hautement inhabituel et pétillant, j’ai regretté l’absence totale de programme de salle. Je regrette aussi que les solistes, les deux chorales et l’orchestre n’aient pas été plus que cela mis en avant avec des lumières spécialement créées pour eux. Cela aurait permis pendant toute la soirée et aussi au salut final de pouvoir les saluer comme ils le méritaient.


Compte rendu concert sportif. Roanne. La halle des sports André Vacheresse, le 20 avril 2024. Musique classique : Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La flûte enchantée – O Isis und Osiris (air de Sarastro), requiem – confutatis ; Gioacchino Rossini (1792-1868) : Il barbiere di Siviglia – finale de l’acte 1 ; Charles Gounod (1818-1893) : Faust – Gloire immortelle de nos aïeux (choeur des soldats) ; Richard Wagner (1813-1883) : Tanhauser – choeur des pélerins ; Henry Purcell (1659-1695) : King Arthur – Cold Song (air du froid) ; Antonio Vivaldi (1678-1741) : Les quatre saisons – l’été ; Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : Le lac des cygnes. Variétés, rock et jazz : John Miles (1949-2021) : music ; Queen (groupe de rock) : The show must go on ….


Crédit photo : inconnu

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