Un trio d'excellents musiciens s'invite en l'abbaye de Seuilly pour fêter l'anniversaire de Beethoven

Parmi les quelques festivals de musique classique maintenus au cours de cet été si particulier se trouve le festival de « La dive musique » qui tourne en étoile autour du petit bourg de Seuilly en Indre et Loire. Seuilly, situé à moins de dix kilomètres de Chinon fut, en son temps, un site suffisament important pour posséder sa propre abbaye. C'est dans cette abbaye, dont il reste bien peu de choses, que nous arrivons pour assister au troisième concert de la neuvième édition de ce festival ; concert qui avait vocation à célébrer le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de Ludwig Van Beethoven (1770-1827). Le trio invité pour l'occasion est composé de trois excellents musiciens qui ont monté un programme très alléchant sur le papier qui a l'immense avantage de mettre en valeur la musique de chambre du compositeur bonnois. Signalons aussi que Marieke Bouche et Mathurin Matharel jouent des instruments d'époques dont les cordes sont fabriqués en boyaux de bœuf ou de porc.


La soirée débute avec un trio, le trio en ré mineur HOB XV:23, de Joseph Haydn (1732-1809) interprété avec une vitalité peu commune ; les trois jeunes gens, très complices, se regardent à peine pour lancer chaque thème ou mouvement. La grande force de ce trio jeune et talentueux vient de la somme de travail abattue en amont du concert et le trio de Haydn résonne sous les voûtes de la salle ou nous sommes installés avec une délicatesse et des couleurs inégalables. Si l'ensemble du chef d'oeuvre de Haydn est interprété avec talent et élégance c'est bien le mouvement lent, le deuxième, qui berce un public enthousiaste et visiblement séduit par ces jeunes, talentueux et séduisants musiciens. Avec la sonate op.5 N°2 pour violoncelle et pianoforte nous avons l'occasion d'écouter une pièce de musique de chambre de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) ; ce corpus, non négligeable au demeurant, a été largement occulté par les symphonies dont les 5e, 6e « pastorale » et 9e sont parmi les plus connues. C'est Mathurin Matharel qui présente brièvement la sonate ; « C'est une sonate pour pianoforte avec accompagnement de violoncelle, c'est ce qui est écrit sur la partition autographe. Elle n'a que deux mouvements ; le premier est en deux parties rapide / Lent alors que l'autre est plus «classique».» nous dit-il. Les deux musiciens interprètent cette sonate avec un dynamisme peu commun ; nous apprécions aussi la rigueur du travail que les deux hommes ont accompli en amont du concert, des tempi et des nuances remarquables qui font honneur au compositeur bonnois tout en mettant en avant un corpus méconnu. Avec son trio en ut mineur opus 1 N°3 nous avons une occasion de découvrir une pièce charmante et pleine de vie mais terriblement complexe malgré les apparences ; les trois complices relèvent d'autant plus brillamment le défi que les thèmes et les tempi sont piégeux. Cela étant dit, si la musique de chambre de Beethven est peu évidente à jouer, celle de Carl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788) est tout aussi compliquée car dans la pièce choisie pour l'occasion les thèmes se succèdent rapidement et sont plutôt décousus. Néanmoins Daniel Isoir et Marieke Bouche interprètent cette Fantaisie en fa dièse mineur Wq 67 pour pianoforte avec accompagnement de violon avec talent, se jouant des difficultés et des pièges tendus par ce fils de Jean Sébastien Bach sans efforts.


C'est un concert d'autant plus remarquable que nous avons l'occasion d'écouter des œuvres issues du répertoire de musique de chambre de Ludwig Van Beethoven, répertoire largement méconnu du public qui mérite pourtant grandement d'être mis en valeur. Ce fut également l'occasion de découvrir trois musiciens jeunes et talentueux.


Compte rendu, concert. Seuilly. Abbaye, le 20 août 2020. Joseph Haydn (1732-1809) : trio en ré mineur HOB XV:23, trio « hongrois » (?) : finale (bis) ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : sonate pour violoncelle et pianoforte opus 5 N°2, trio en ut mineur opus 1 N°3 ; Carl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788) : Fantaisie en fa dièse mineur Wq 67 pour pianoforte avec accompagnement de violon. Daniel Isoir, pianoforte ; Marieke Bouche, violon ; Mathurin Matharel, violoncelle.

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