Sainte Foy la Grande : un récital voix/piano de très haute volée
Pour
la troisième année consécutive, l'association « Vibrations
musicales en pays foyen » organise un festival d'art lyrique dont le
directeur artistique est le contre-ténor russe Alexis Vassiliev. Le
programme est très éclectique et international allant de la période
baroque à la période romantique italienne. En ce 17 juillet, nous
avons eu le plaisir d'écouter le tout jeune baryton Florian Sempey
qui, a 30 ans, mène une brillante carrière tant en France qu'à
l'étranger et la très belle soprano Amel Brahim Djelloul qui a
accepté de remplacer au pied levé Maryse Castets qui, souffrante, a
du renoncer à assurer le concert. Ils étaient accompagnés, pour
l'occasion, par l'excellente pianiste Martine Marcuz, chef de chant à
l'Opéra National de Bordeaux.
Dès
le début du concert, Florian Sempey et Martine Marcuz donnent le ton
; la voix jeune et puissante du baryton foyen envahit la salle
bien remplie. La brève incursion dans le répertoire haendélien
avec l'air d'Argante « Sibilar gli angui d'aletto » extrait
de Rinaldo n'est certes pas inoubliable, mais la technique est
impeccable, la voix est saine, solide, insolente. C'est avec Wolfgang
Amadeus Mozart (1756-1791) que nous entrons dans le vif du sujet ;
Amel Brahim Djelloul chante avec aplomb le très bel aria de Susanna
« Giunse alfin il momento … Deh, vieni, non tardar » extrait
des Nozze di Figaro. La jeune femme fait montre d'une très belle
assurance ; des graves aux aigus la voix est étincelante et Susanna
n'est pas la petite soubrette craintive mais une servante à la
personnalité remarquable ; en effet, quelle domestique oserait
conspirer avec sa patronne, comme Susanna ose le faire, pour mettre
en défaut le trop volage époux de celle ci ? Le duo Papageno/Pamina
« Bei männern welche liebe fühlen »
permet au public de (re)découvrir Die zauberflöte - l'ultime chef
d’œuvre de Mozart créé peu avant son décès prématuré à
l'âge de 35 ans. Les deux voix se marient parfaitement et Sempey,
comme Brahim Djelloul (Pamina), s'amuse grandement en incarnant le
facétieux oiseleur.
Au
retour de la pause, Amel Brahim Djelloul surprend le public par une
très belle interprétation de la valse de Juliette « Je veux
vivre » (Roméo et Juliette -
Charles Gounod [1818-1893]). Si La scala di seta est fort joliment
chantée par un Florian Sempey visiblement survolté, c'est surtout
l'air d'entrée de Figaro « Largo al factotum della città
» (Il barbiere di Siviglia –
Goachino Rossini [1798-1868]) qui lui vaut un accueil plus que
chaleureux de la part d'un public conquis par une voix, certes jeune
mais parfaitement maîtrisée ; par ailleurs, Florian Sempey,
survolté, s'amuse beaucoup et joue la comédie avec une gourmandise
évidente. Le dernier duo du programme officiel «
Monseigneur ? Ophélie ! »,
extrait d'Hamlet d'Ambroise Thomas (1811-1896) permet à ces deux
jeunes et brillants artistes de présenter un opéra largement
méconnu alors que la musique de Thomas n'a rien à envier à celle
de ses contemporains que sont Gounod, Rossini ou Puccini, par
exemple. L'accueil du public est si enthousiaste que les deux
artistes concèdent deux bis, deux duos. L'un tiré des Nozze di
Figaro « Crudel, perche finora farmi languir cosi »,
l'autre extrait de La veuve joyeuse de Franz Lehar (1870-1948) «
Heure exquise ».
N'oublions
pas la troisième artiste, aussi importante et impliquée que ses «
protégés », de cette très belle soirée. La pianiste Martine
Marcuz, chef de chant à l'Opéra National de Bordeaux, accompagne
les deux chanteurs avec talent. Chaque introduction est ciselée avec
un art consommé, une technique parfaite, sans excès ni fioritures
inutiles. A aucun moment Marcuz ne couvre Sempey et Brahim Djelloul
qui entretiennent une complicité sans faille avec cette excellente
pianiste.
C'est
un récital de très haute volée que nous ont proposé Florian
Sempey et Amel Brahim Djelloul, accompagnés avec talent et sobriété
par Martine Marcuz au piano. Nous avons eu droit à un feu
d'artifices remarquable tant les deux chanteurs étaient survoltés.
En ce chaud mercredi soir de juillet, nous avons eu le plaisir
d'écouter deux voix jeunes, saines, parfaitement maîtrisées aux
beaux graves, aux médiums parfaits et avec des aigus insolents.
Compte
rendu, concert. Sainte Foix la Grande. Salle Clarisse Brian-Reclus,
le 17 juillet 2019. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) :
Rinaldo (aria di Argante « Sibilar gli angui d'aletto ») ; Wolfgang
Amadeus Mozart (1756-1791) : Le nozze di Figaro (aria di Susanna
« Giunse alfin il momento … Deh, vieni, non tardar », Duo
Almaviva/Susanna « Perche finora crudel farmi languir cosi ? » [bis
1]), Die Zauberflöte (duo Papageno/ Pamina « Bei männern welche
liebe fühlen », aria de Papageno « Papagena, Papagena, Papagena …
» ; Charles Gounod (1818-1893) : Roméo et Juliette (valse de
Juliette «Je veux vivre » ; Goachino Rossini (1798-1868) :
La scala di seta (aria « Amor, dolcemente »), Il babiere di
Siviglia (Aria di Figaro « Largo al factotum ») ; Giacomo
Puccini (1858-1924) : Gianni
Scichi (aria di Lauretta « Oh, mio babbino caro ») ; Ambroise
Thomas (1811-1896) : Hamlet
(Duo Hamlet/Ophélie « Monseigneur ? Ophélie ! ») ; Franz
Lehar (1870-1948) : La veuve
joyeuse (duo Danilo/Missia Palmieri « heure exquise » [bis 2]).
Florian Sempey, baryton ; Amel Brahim Djelloul,soprano ;
Martine Marcuz, piano.
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