Un concert sandwich de luxe avec un trio issu de l'Orchestre des Champs Elysées
Depuis
quelques années, le public du Théâtre Auditorium de Poitiers peut
faire sa pause déjeuner en musique. Ces concerts au nombre de trois
ou quatre qui ont lieu tout le long de la saison accueillent
régulièrement beaucoup de monde, y compris des personnes venues en
famille. Pour ce premier concert sandwich de la saison, c'est un trio
issu de l'Orchestre des Champs Élysées qui est venu régaler son
public d'un concert consacré à la musique française de la fin du
XIXe siècle et du début du XXe siècle. On sait depuis longtemps
que Philippe Herreweghe, directeur musical et fondateur de l'OCE fait
confiance à des musiciens de talent, et le trio qui se présente
pour le concert du jour ne fait pas exception à la règle. Ainsi,
par exemple, Alexis Kossenko, chef et fondateur de l'orchestre Les
Ambassadeurs, est aussi 1er flûte et soliste du pupitre des flûtes
de l'OCE. Cela étant dit, Agathe Blondel (alto) et Valéria
Kafelnikov (harpe) ne déméritent pas et donnent, elles aussi, la
pleine mesure de leur talent pendant cette heure de concert.
2018
n'est pas seulement l'année du centenaire de l'armistice mettant fin
à la 1ère guerre mondiale, c'est aussi celle du centenaire de la
disparition de Claude-Achille Debussy (1862-1918). Les trois
musiciens lui rendent donc hommage avec trois très belles œuvres
dont le fameux Prélude à l'après midi d'un faune ; composé pour
flûte et orchestre, le chef d’œuvre de Debussy est ici arrangé
pour flûte et harpe. Le talentueux flûtiste Alexis Kossenko connaît
parfaitement son faune et l'interprète avec sobriété ; à aucun
moment Kossenko et Kafelnikov ne cherchent à faire des effets de
manche et c'est un moment de grâce qui traverse le Théâtre
Auditorium. En revanche Kossenko est invisible pour syrinx car il
joue cette charmante petite pièce du côté du bar de l'auditorium ;
il explique dans la foulée que Syrinx avait été commandé à
Debussy pour la pièce Psyché et que le flûtiste devait jouer cette
œuvre dans les coulisses pendant que les acteurs jouaient sur scène.
Avec la sonate pour flûte alto et harpe, c'est un trio atypique que
Debussy met à l'honneur ; et le trio formé par Kossenko, Blondel et
Kafelnikov est efficace dans son interprétation d'une sonate peu
connue. La complicité qui lie les trois musiciens est évidente et
cela s'entend dans leur très belle interprétation de cette sonate
qui résonne joyeusement dans l'espace. Plus étonnant est
l'arrangement de la sonatine de Maurice Ravel (1875-1937) tant le
public est habitué à l'écouter dans sa forme originale pour piano
; cela étant dit, le résultat est agréable à écouter tant les
trois musiciens ont travaillé avec rigueur et passion. Avec la pièce
«Entracte» de Jacques Ibert, c'est une musique joyeuse et
réjouissante qui envahit le théâtre ; Kossenko, Blondel et
Kafelnikov font sonner leurs instruments avec entrain prenant un réel
plaisir à jouer ensemble. En écoutant cette charmante petite pièce,
on peut d'ailleurs regretter que Jacques Ibert soit si peu joué en
France.
Ce
premier concert sandwich de la saison 18/19 du Théâtre Auditorium
est d'autant plus réussi que le public est toujours aussi nombreux à
venir déjeuner en musique. Les enfants présents du plus jeune au
plus âgé ont visiblement apprécié cette pause musicale, et même
les gazouillis du bébé n'ont pas déconcentré les trois musiciens.
Compte
rendu concert. Poitiers. Théâtre Auditorium, le 12 novembre 2018.
Claude-Achille Debussy (1862 -1918) : Syrinx, prélude à
l'après midi d'un faune (arrangement pour flûte et harpe), sonate
pour flûte, alto et harpe ; Maurice Ravel (1875-1937) :
Sonatine (arrangement pour flûte alto et harpe) ; Jacques Ibert
(1890-1962) : entracte. Alexis Kossenko, flûte ; Agathe
Blondel, alto ; Valéria Kafelnikov, harpe.
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