Schubert et Brahms au programme du premier concert de l’Orchestre des Champs Élysées en 2024


 

Pour son deuxième concert de la saison en cours, le premier de l’année 2024, l’Orchestre des Champs Élysées programmé deux compositeurs allemands, cœur de répertoire de Philippe Herreweghe son directeur musical et fondateur. Avec Franz Schubert (1797-1828) et Johannes Brahms (1833-1897), on est en plein cœur du romantisme allemand ; et les deux œuvres du programme sont deux monuments de la période. Si la symphonie inachevée porte bien son nom car Schubert n’a composé que deux mouvements sur les trois ou quatre habituels, avec Ein deutsches requiem, Brahms a composé une partition particulièrement difficile pour le chœur.


Pour ouvrir la soirée, l’Orchestre des Champs Élysées interprète la symphonie N°8 en si mineur « inachevée » de Franz Schubert (1797-1828). Même avec deux mouvements sur les trois prévus, la partition « finale » est particulièrement complexe et Philippe Herreweghe la prend à bras le corps, ciselant chaque thème, chaque phrase du chef d’œuvre de Schubert avec une finesse rare. L’introduction au violoncelle du chef d’œuvre de Schubert par le violoncelle solo de la phalange est particulièrement réussie et j’ai particulièrement apprécié la mise en avant de ce pupitre aux saluts.


Mais c’est bien Ein deutsches requiem de Johannes Brahms (1833-1897) qui est au cœur du programme de ce froid jeudi de février. Pour l’occasion, le Collegium Vocal Gent, Régula Mülhemann et Florian Boesch rejoignent l’Orchestre des Champs Élysées sur le vaste plateau de l’auditorium. Si Brahms, qui a commencé la composition de son requiem après le décès de sa mère en 1865, a laissé une œuvre qui sort des sentiers battus (notamment dans le choix des versets qui diffèrent de ceux traditionnellement utilisés dans les requiem), il n’a pas facilité la tâche du chœur qui est très sollicité. La lecture de Philippe Herreweghe de ce requiem allemand est efficace. Le Collegium Vocal Gent, toujours aussi bien préparé interprète cette partition très lourde avec brio ; les nuances et les tempos sont parfaits, Herreweghe, très inspiré dirige l’orchestre et le chœur avec une précision millimétrée. Si le chœur est très sollicité, les deux solistes, eux, font office de figurants. Mais les responsables de l’Orchestre des Champs Élysées ont invité deux très belles voix pour les trois « petites » interventions solistes du chef d’œuvre de Brahms. La soprano suisse Regula Mülhemann et le baryton autrichien Florian Boesch chantent leurs quelques lignes avec talent et, comme le choeur, ont une diction parfaite.


C’est une très belle soirée que l’Orchestre des Champs Elysées et le Collegium Vocale Gent ont proposé au public venu nombreux en ce froid jeudi soir d’hiver. Et personne ne s’y est trompé car l’ensemble des artistes présents sur le plateau de l’auditorium a reçu un accueil très chaleureux.


Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 1er février 2024. Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie N°8 en si mineur D759 « inachevée » ; Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches requiem opus 45 pour solistes, choeur et orchestre. Regula Mühlemann, soprano ; Florian Boesch, baryton ; Orchestre des Champs Élysées ; Collegium Vocale Gent. Philippe Herreweghe, direction.


Crédit photo : Michiel Hendryckx

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