Patrizia Ciofi : Une carrière guidée par l'amour de la musique


Installée à Strasbourg ou elle s'apprête à chanter une nouvelle série de représentations de La Traviata de Giuseppe Verdi (1813-1901) la soprano italienne Patrizia Ciofi a accepté de nous accorder une entrevue téléphonique pour faire le point sur sa carrière et ses projets.

Sa carrière

«J'ai grandi dans une famille de mélomanes. Mon grand-père dirigeait la fanfare du village ou nous vivions et mon père jouait de plusieurs instruments : trompette, bandonéon, clarinette, orgue … il a aussi fait du violon pendant sept ans mais il a du renoncer à en jouer pour travailler.» nous dit Patrizia Ciofi qui continue : «Très jeune, dès l'âge de trois ans, je chantais beaucoup. Par contre, lorsque j'ai passé mon premier concours, je préférais la mélodie à l'opéra que je n'aimais pas. Au conservatoire, J'ai étudié le chant et le piano. Cela étant dit mon premier professeur ne m'a vraiment pas aidée; il m'enseignait le chant mais pas la technique vocale et j'ai eu des nodules sur les cordes vocales. C'est Anastasia Tomasheska Schepis qui m'a incitée à quitter le conservatoire pour prendre des cours privés avec elle. Anastasia m'a tout appris et permis d'utiliser ma voix au mieux.». Et concernant ses débuts : «J'ai commencé par Don Giovanni à Florence puis à Pise avec Claudio Desderi, qui était chanteur et chef d'orchestre. Je chantais avec une troupe de jeunes artistes. Entre 1990, juste après mes débuts à Florence, et 1996, j'ai essentiellement chanté en Italie: Don Pasquale, Rigoletto, Falstaff, La traviata, La sonnambula, L'elisir d'amore, Lucia di Lamermmor, La bohême … En 1996 j'ai chanté Le nozze di Figaro à l'Opéra de Nice puis j'ai passé une audition à l'Opéra de Paris ou j'ai fait mes débuts en 1999 dans une production de Falstaff.» nous dit Patrizia Ciofi qui poursuit : «Si Mozart est incontournable pour gagner en assurance et en maturité je me sens plus à l'aise dans le bel canto romantique c'est pourquoi je me suis très vite orientée vers les compositeurs romantiques : Verdi bien sur mais aussi Bellini, Donizetti, Rossini et Puccini par exemple.»

La Traviata

«Vendredi soir je vais commencer ma dix-huitième série de La Traviata. Je me sens bien dans ce rôle; quand j'ai commencé à chanter Violetta j'ai beaucoup hésité, j'avais 26 ans et j'étais en début de carrière. Mes amis me conseillaient de ne pas tenter l'aventure mais c'est Anastasia qui m'a incitée à accepter en me disant : «Vas y, lance toi». J'ai écouté son conseil et je ne le regrette pas. Cela fait maintenant vingt deux ans que je l'ai à mon répertoire. J'ai grandi avec Violetta et j'espère chanter ce rôle pendant encore quelques années.» nous dit Patrizia Ciofi avec une tendresse non dissimulée pour Violetta avant de poursuivre : «En ce qui concerne les mises en scène, en général elles étaient assez traditionnelles. La plus moderne était celle de Robert Carsen avec qui j'ai travaillé en 2004 quand nous avons fait la ré-ouverture de la Fenice de Venise. Ce qui est vraiment important à mes yeux c'est le travail d'équipe; sans une entente très forte entre chanteurs il est très difficile de faire passer l'émotion que chacun ressent au public. Grâce à Anastasia j'ai appris à m'imprégner des émotions, de la vie et des sentiments des personnages que j'incarne sur scène. La musique n'est pas tout; le théâtre est inhérent à l'opéra et l'un ne va pas sans l'autre.».

Les projets

Très sollicitée, Patrizia Ciofi ne manque pas de projets : «Après Strasbourg, je pars à Avignon pour chanter Maria Stuarda et ensuite ça sera Barcelone pour I Capuletti e i Montechi avec Joyce di Donato ; comme nous avons déjà chanté cet opéra ensemble à Paris, notre duo se reforme. Je dois aussi chanter Hamlet à Marseille et Les huguenots à Berlin. Il y aura aussi quelques concerts et des tournées. Je n'aime pas vraiment le studio, je préfère la scène car il est plus facile de communiquer son plaisir et ses émotions au public. J'ai néanmoins enregistré un CD de duos de Rossini avec Marie Nicole Lemieux; il devrait sortir courant 2016. J'irai également à Liège pour La bohême; j'avais déjà chanté Mimi en version concert, et là ça sera la première fois que je chanterai le rôle dans une version scénique.» Depuis 2016, Patrizia Ciofi a beaucoup chanté en France, en Belgique et en Italie avec quelques incursions en Allemagne. Si La traviata fait partie de ses nombreux engagements, cette artiste sensible, fine musicienne et comédienne consommée a aussi fait un retour au répertoire mozartien (Don Giovanni) et dans le répertoire du grand opéra français avec Les huguenots et Hamlet. Lors de la saison qui s'annonce, après une nouvelle Traviata (rôle titre) Patrizia Ciofi chantera Le nozze di Figaro (Contessa Almaviva) à l'Opéra de Marseille, Viva la mamma à l'Opéra de Genève, Norma au Bolshoï, le mythique opéra de Moscou, et La clemenza di Tito (Vitelia) à l'Opéra Royal de Wallonie.

Artiste sensible et engagée, passionnée par son art et par le théâtre, Patrizia Ciofi aime partager son amour de la musique avec son public. Peu intéressée par la sécheresse du studio ou elle se rend rarement elle se donne totalement à la scène faisant passer ses personnages par de multiples sentiments et émotions.




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