Leonardo Garcia Alarcon : de Buenos Aires à Genève


Poursuivant notre ballade saintaise, nous nous arrêtons sur une terrasse de café située tout près de l'abbaye aux dames, le temps d'une rencontre avec Léonardo Garcia Alarcon, le jeune et dynamique chef de l'ensemble La Cappella Mediterrana. C'est dans un climat très détendu que nous évoquons avec lui son parcours, la naissance de La Cappella Mediterranea, le concert prévu le soir même et ses projets.

Une carrière encouragée par la famille

Ayant grandi dans un famille de mélomanes, Léonardo Garcia Alarcon a découvert nombre de compositeurs grâce aux cassettes audio de sa grand-mère : «Chaque semaine ma grand-mère m'achetait des cassettes qui faisaient partie intégrante d'une collection très populaire en Argentine. C'est grâce à l'une d'elles, consacrée à Jean Sébastien Bach que j'ai eu le coup de foudre pour la musique baroque. A 14 ans j'ai fait mes débuts à la direction; quatre ans plus tard je suis parti à Genève où j'ai fait toutes mes études au conservatoire de cette ville. Ce fut difficile pour mes parents qui avaient vu ma sœur partir en Europe deux ans auparavant pour accomplir son destin de danseuse. C'est en 2005 que le conservatoire de Genève m'a proposé d'intégrer son équipe d'enseignants en prenant la direction de la classe «direction d'orchestre depuis le clavecin». Cette même année, j'ai fondé La Cappella Mediterranea.». Pour Léonardo Garcia Alarcon, 2005 marquera aussi le début d'une chevauchée fantastique qui dure encore onze ans plus tard.

Naissance et vie de La Cappella Mediterranea

«Dès sa naissance , j'ai orienté La Cappella Mediterranea vers une spécialisation en musique ancienne et musique baroque. Qu'il s'agisse de musique sacrée, d'opéra, de musique ibérique, il y a encore tant à faire.» Et, de fait, Leonardo Garcia Alarcon, comme tant d'autres chefs, continue à défricher un répertoire qui a encore beaucoup à offrir : «Par exemple notre dernier CD, un double CD, reprend les vingt-sept opéras de Franceco Cavalli (1602-1676) qu'il a composé pendant toute sa vie opératique qui va de 1639 à 1668.». Lors de son dernier passage à Saintes, à l'occasion de l'édition 2014 du festival, La Cappella Mediterranea, avait triomphé avec un oratorio de Michelangelo Falvetti (1642-1692), un contemporain de Cavalli bien plus jeune que lui : Il diluvio universale.

Le concert Cavalli

«A l'occasion de notre passage au festival de Saintes, le deuxième après 2014, nous reprenons une partie de notre dernier CD. Il a fallu faire un choix drastique car il fallait répartir les airs et les ensembles équitablement entre les trois chanteuses. Et surtout, je devais veiller à ce que le concert n'excède pas une heure dix, ce qui était en soi une gageure de taille». Il ajoute, concernant les chanteuses : «J'ai été attentif à choisir des artistes dont les voix correspondaient à l'oeuvre de Cavalli. En effet, une voix qui correspond à un compositeur donné, n'est pas nécessairement en adéquation avec un autre que ce soit Cavalli, Falvetti ou Monteverdi, par exemple. Pour moi, l'adéquation d'une voix à un cmpositeur donné est une chose très importante; c'est pourquoi je n'aurai pas forcément les mêmes artistes d'une fois sur l'autre.». En ce qui concerne Cavalli, que Leonardo Garcia Alarcon aime tout particulièrement, il nous dit: «Cavalli était un élève de Claudio Monteverdi (1567-1643) à la cour de Mantoue. Et l'influence du maître se ressent dans les œuvres de l'élève qui, par ailleurs, a assisté à la naissance de l'Opéra public à Venise vers 1637. C'est Cavalli, alors au sommet de sa gloire, qui a été invité à la cour de Louis XIV pour composer la musique de son mariage. Laquelle a été créée deux ans plus tard, le temps de l'achèvement des travaux.»

Les projets

Ils ne manquent pas; et La Cappella Mediterranea reprend du service dès la mi août : «Comme lors de la saison 2015/2016, nous ouvrons la saison de l'Opéra National de Paris avec Eliogabalo de Cavalli ; la production sera présentée au Palais Garnier. Ensuite nous partirons à Genève avec Il Giasone du même compositeur.». Mais le chef argentin ne se cantonne pas qu'à l'opéra : «En septembre nous sortirons un nouveau CD consacré, celui ci, à Monteverdi.». On a quatre cent cinquante ans une seule fois dans sa vie, et cet anniversaire sera célébré dignement pendant toute l'année 2017. «Nous sommes actuellement dans une période consacrée à Cavalli et nous poursuivrons avec Erismena. A Ambronnay nous donnerons un concert des Grands Motets de Jean Baptiste Lully (1632-1687).». Depuis 2016, La capella mediterranea a poursuivi sa carrière avec succès. Pour la saison à venir, l'ensemble de Leonardo Garcia Alarcon reprendra Il diluvio Universale de Falvetti, puis s'attaquera à un monument de l'oeuvre de Jean Sebastien Bach , la messe en si mineur. Parmi les autres projets une grande tournée consacrée à La finta pazza de Francesco Sacrati, deux concerts consacrés à Sogno di una notte veneziana (œuvres de Caccini, Frescobaldi, Monteverdi, Cavalli, Strozzi et Cesti) … La totalité des projets de la Cappella Mediterranea est consulatble sur le site de l'orchestre : https://cappellamediterranea.com/fr/agenda

Chef généreux, enthousiaste, passionné et attentif à tout ce qui entoure les oeuvres qu'il programme (contexte, orchestration, voix), Leonardo Garcia Alarcon a bâti son succès sur une rigueur et une curiosité absolument nécessaires au vu du nombre important d'orchestres en activité qui se spécialisent dans le répertoire baroque. Nous espérons le revoir avec d'aussi beaux programmes que ceux qu'il a proposé à Saintes.



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