L'Ensemble Jacques Moderne revient en force sur le devant de la scène

 


Créé en 2016 pour animer le cœur de ville de Tours, le festival Concerts d'automne a maintenu envers et contre tout sa cinquième édition permettant ainsi aux artistes invités pour l'occasion de remonter sur scène. En ce dernier week-end de concerts, l'ensemble Jacques Moderne s'installe en l'église Saint Julien de Tours en lieu et place de l'église Notre Dame la Riche ; et malgré les mesures prises, le public, fidèle, est venu nombreux écouter le programme monté par Joël Suhubiette à l'occasion de ce concert si important pour l'ensemble. Exacts contemporains, Jean Sébastien bach (1685-1750) et Domenico Scarlatti (1685-1757) sont tous les deux nés en1685. Mais c'est là un de leurs seuls points communs car Jean Sébastien Bach composa un imposant corpus de musique vocale (cantates, motets, passions, oratorios...) alors que Domenico Scarlatti est surtout connu pour son impressionnant corpus instrumental (cinq cent cinquante cinq sonates pour clavier notamment).


La soirée débute par l'interprétation à douze voix de deux motets de Jean Sébastien Bach (1685-1750). D'emblée on note qu'à part les deux pupitres de sopranos, dédoublés, chaque chanteur est à un par pupitre ; et en professionnels chevronnés qu'ils sont, ils relèvent le défi avec talent et beaucoup de panache. Avec « Jesu meine freude » nous avons un exemple remarquable d'une parfaite symbiose entre les chanteurs, le continuo et Joël Suhubiette dont la direction est nerveuse, claire, nette, précise, dynamique ; chaque thème, chaque section du motet est ciselé avec un art consommé le sommet étant atteint dans l'interprétation de la cadence qui est quasi idéale. Pour « Komm, Jesu, komm » Cécile Dibbon et Cécile Larroche quittent le plateau et les artistes chantent à un par voix. Là aussi nous apprécions la parfaite interprétation de l'ensemble vocal dont les artistes donnent l'un après l'autre les départs de chaque thème avec une précision d'orfèvre. Après une courte pause, l'ensemble Jacques Moderne revient sur scène pour interpréter deux œuvres de Domenico Scarlatti (1685-1757) dont le « Te Deum » est ici chanté à dix voix. C'est Marc Manodritta, qui chante ici en ténor II, qui lance le Te Deum avec assurance et panache ; on ne peut que saluer la parfaite mise en place du chef d'oeuvre de Scarlatti qui sous la direction ferme et nerveuse de Joël Suhubiette pousse l'auditeur à la méditation. Pour terminer la soirée, l'ensemble Jacques Moderne, au complet, nous donne à entendre un « Stabat Mater » de très haute volée. C'est un continuo composé de Emmanuel Mandrin (orgue), Hendrike Ter Brugge (violoncelle) et de Massimo Moscardo (théorbe) qui accompagne avec talent les douze chanteurs de l'ensemble.


L'ensemble Jacques Moderne fait, à l'occasion de ce concert remarquable un retour très réussi sur scène ; et on ne peut que saluer les responsables du festival Concerts d'automne qui ont maintenu l'édition 2020 de la manifestation malgré des circonstances difficiles. Le programme monté pour l'occasion est d'autant plus remarquable qu'on est dans une configuration à un par voix (excepté le pupitre des sopranos dédoublé pour une partie du programme) et que l'accompagnement par un continuo composé de musiciens de talent contribue grandement à l'immense succès du concert.


Compte rendu, concert. Tours. Eglise Saint Julien, le 17 octobre 2020. Jean Sébastien Bach (1685-1750) : Jesu meine freude BWV 227, Komm, Jesu, komm BWV 229 ; Domenico Scarlatti (1685-1757) : Te Deum, Stabat Mater bis : amen (extrait du Stabat Mater). Sopranos : Axelle Bernage, Julia Wischniewski, Cécile Dibbon, Cécile Larroche ; Altos : Cécile Pilorger, Gabriel Jublin ; Ténors : David Lefort, Marc Manodritta ; Basses : Didier Chevalier, Cyrille Gautreau ; Continuo : Emmanuel Mandrin (orgue) ; Hendrike Ter Brugge (violoncelle) ; Massimo Moscardo (théorbe). Ensemble Jacques Moderne, Joël Suhubiette, direction.

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