Le Théâtre Auditorium de Poitiers fête sa réouverture en fanfare : l'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine offre l'un de ses plus beaux concerts au public poitevin


Le 22 juin dernier nous annoncions à nos lecteurs le programme que les responsables du Théâtre Auditorium de Poitiers avaient préparé pour fêter la réouverture du site après plus de trois mois de fermeture. En ce mercredi 1er juillet, c'est l'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine qui ouvrait les festivités. Pour ce concert exceptionnel, Jean François Heisser avait concocté un programme joyeux et plein d'entrain. Programmé à 19 heures, le concert a attiré un public nombreux dont plusieurs familles venues avec de jeunes enfants, visiblement très heureux d'entrer pour la première fois dans une salle de théâtre.

Après quelques mots de Jérôme Lecardeur, le sympathique directeur général du Théâtre Auditorium, pour partager le bonheur des retrouvailles, Jean François Heisser s'avance sur le plateau pour annoncer le programme, un programme franco-allemand, de la soirée. Programme certes court, une heure vingt de musique sans entracte, mais festif. Une fois passées ces formalités, l'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine entame son premier concert post confinement avec la suite de Gabriel Fauré (1845-1924) Masques et Bergamasques. Oeuvre de circonstance, le public devait rester masqué pendant tout le concert, cette pièce charmante et pleine d'entrain est dirigée d'une main ferme et sûre par un Jean François Heisser visiblement survolté et très inspiré. D'entrée de jeu on ne peut qu'apprécier de voir les musiciens si heureux de se retrouver après trois mois et demi de séparation et de jouer ensemble ; et la pièce de Fauré est interprétée de façon très aérienne et enjouée tant le plaisir de jouer transparait dans la musique. Avec la Tarentelle Styrienne de Claude Achille Debussy (1860-1918), l'OCNA interprète la seconde œuvre française de la soirée. Jean François Heisser, visiblement très heureux de revenir sur la scène de l'auditorium dirige avec autant de vigueur et de fermeté la très belle orchestration de Maurice Ravel (1875-1937) de cette tarentelle initialement composée pour piano par un Debussy très inspiré. Après une courte pause, le temps d'installer un piano, Jean François Heisser, qui est aussi un pianiste hors pair, et l'OCNA interprètent une œuvre à programme pour piano et orchestre de Carl Maria Von Weber (1786-1826) : le Konzertstück (pièce de concert). Si avec les deux premières œuvres de la soirée, nous avons apprécié l'immense talent de Jean François Heisser comme chef d'orchestre, nous avons une très belle occasion d'apprécier l'excellent pianiste qu'il est aussi. Weber, compositeur d'opéra (Der Freischtütz, Euryanthe, Obéron… ) et de musique vocale (lieder, cantates, musique sacrée) a également laissé un imposant corpus musical et instrumental dont le konzertstück est une pièce non négligeable. Jean François Heisser interprète la partie de piano soliste avec un talent rare et inégalable. Rien ne manque à cette remarquable interprétation : les nuances, les tempos, le style ; quant à l'orchestre, il accompagne Jean François Heisser avec talent et les parties instrumentales sont interprétées avec beaucoup de panache sous la direction de son chef qui dirige depuis son piano. Pour terminer cette très belle soirée l'orchestre s'attaque à un chef d'oeuvre de Franz Schubert (1797-1828) : la symphonie N°3. Composée par un tout jeune Schubert, il n'avait que 18 ans en 1815, cette symphonie ne sera jamais intégralement créée de son vivant (la création intégrale eut lieu en 1881, bien après la disparition du compositeur). L'interprétation de l'OCNA et de son chef est fluide et pleine de vie. Les tempos, les nuances, le style, la direction ferme et pleine d'autorité de Jean François Heisser donnent au chef d'oeuvre de Schubert une dynamique très forte. Chacun des trois mouvements est ciselé avec art et fait honneur à un Schubert très inspiré.

La réouverture du Théâtre Auditorium ne pouvait se faire sous de meilleurs auspices en ce premier jour de juillet. L'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine placé sous la direction de Jean François Heisser a sans aucun doute donné l'un de ses plus beaux concerts. Si le public était enchanté de revenir au Théâtre Auditorium, le bonheur des musiciens de se retrouver et de pouvoir rejouer ensemble était visible tant dans la musique que sur les visages souriants des uns et des autres.

Compte rendu, concert. Poitiers. Auditorium, 1er juillet 2020. Gabriel Fauré (1845-1924) : Masques et bergamasques ; Claude Achille Debussy (1862-1918) : tarentelle styrienne ; Carl Maria Von Weber (1786-1826) : Konzertstück ; Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie N°3. Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine ; Jean François Heisser, piano et direction

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Francesco Durante et Antonio Vivaldi au programme du dernier concert des Estivales du Freney

Un opéra à la montagne : La serva padrona présentée dans le cadre des estivales du Freney d’Oisans

La harpe et la bête : un concert original en ouverture de la saison du Théâtre Auditorium de Poitiers