Du « duel » de pianos au concert participatif : Jean François Zygel et André Manoukian enflamment la Hune

Le Théâtre Auditorium de Poitiers accueille régulièrement des concerts de qualité ; le dernier en date étant le très beau récital du jeune et talentueux pianiste Adam Laloum. Si la salle de La Hune, installée à Saint Benoît, tout prêt de Poitiers, est plus généraliste elle n'en propose pas moins quelques concerts parfois « explosifs » ; et le concert de piano auquel nous avons assisté en ce jeudi soir est l'un de ces événements exceptionnels qui retiennent l'attention. D'autant que les deux invités du jour sont des « stars », chacun dans leurs domaines ; car l'on ne présente plus Jean François Zygel et André Manoukian, pianistes de talent issus de deux milieu certes très différents mais tellement complémentaires. Nous nous installons donc dans une salle bien remplie et après quelques péripéties, les deux pianos ayant été retenus sur la route pour un léger excès de poids, la soirée, qui s'annonce pleine de surprise peut commencer.

Et il nous faut bien reconnaître que le jazman exubérant et le pianiste « classique » plus réservé nous gratifient de pièces à quatre mains très enlevées plaisantes à écouter et ou les références aux grands jazzmen comme Duke Ellington, par exemple, ne manquent pas. Année Beethoven oblige, nous avons aussi droit à quelques allusions à l'oeuvre du compositeur bonnois mais pas que, puisque nous avons eu droit à quelques impros sur des œuvres de Jean Sébastien Bach (1685-1750), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Johannes Brahms (1833-1897) ou encore Claude Jospeh Rouget de l'Isles (1760-1836) … Autant de compsiteurs qui sont évoqués tant par Jean François Zygel que par André Manoukian dans d'inénarrables dialogues que les deux acolytes prennent un malin plaisir à improviser devant un public hilare et visiblement ravi de les voir s'éclater. Après un « duel » solo, tels ceux qui opposaient des compositeurs reconnus à leurs époques comme par exemple Mozart « opposé » à son confrère Clementi ou Jean Sébastien Bach qui « battit » son collègue lors d'un de ces duels réguliers, et pour parachever le succès de la soirée les deux hommes ne manquent pas de faire participer un public sous le charme. C'est ainsi qu'ils font une première improvisation à partir de cinq notes données au hasard de plusieurs parties de la salle. La deuxième improvisation est un portrait d'une personne du public invitée à monter sur scène ; courageusement c'est Sylvie qui rejoint les deux compères qui l'interrogent rapidement et qui passent ensuite à l'improvisation. Dernière personne à rejoindre Zygel et Manoukian, le jeune Léandre, âgé d'une douzaine d'années et qui apprend le piano, est mis au défi de diriger les deux hommes installés à leur piano. Et il se prend au jeu, leur faisant faire des « prouesses » auxquelles ils se prêtent avec docilité et un plaisir évident.

C'est une soirée riche en émotions et très forte à laquelle nous avons assisté. Jean François Zygel et André Manoukian, très en forme et visiblement survoltés par l'accueil qu'ils ont reçu ont donné un concert exceptionnel que nous espérons avoir le privilège de revoir très bientôt.

Compte rendu, concert. Saint Benoit. La Hune, le 12 mars 2020. « Duel » de pianos ; Jean François Zygel, piano ; André Manoukian, piano.

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