L'ensemble La rêveuse fait rêver son public


C'est dans le beau département d'Indre et Loire que nous terminons notre périple estival. Le charmant petit village de Lerné, dont le château, transformé en chambres d'hôtes – et la chapelle – sont le joyau, accueille un concert de l'ensemble La rêveuse dans le cadre du huitième festival La Dive Musique. Ce festival, basé à Seuilly, petit village situé non loin de Chinon, tourne en étoile dans le département d'Indre et Loire. C'est ainsi que nous avons porté nos pas dans ce site certes éloigné de tout mais charmant. L'ensemble La rêveuse, habitué du festival revient dans sa forme la plus simple, un duo ; car ce sont les deux fondateurs de l'ensemble, la gambiste Florence Bolton et le théorbiste Benjamin Perrot, qui est aussi luthiste, qui viennent présenter un programme original de musique baroque intitulé « La belle homicide ». Ne nous y trompons pas, si aux XVIIe et XVIIIe siècle on parlait d'homicider – de tuer – son prochain, dans le cas qui nous occupe, il s'agit du titre d'une pièce pour luth du compositeur Charles Mouton (vers 1626-vers 1699).

La chapelle, privée depuis de longue années, est minuscule et a une capacité d'accueil de moins de cent personnes, ce qui accentue l'impression d'intimité et de chaleur qui flotte dans l'air dès notre arrivée sur le site. C'est donc une petite centaine de personnes qui s'installent dans cette charmante petite chapelle aux décors somptueux. Le programme alterne judicieusement duos viole de gambe/théorbe et pièces solistes pour luth baroque ; c'est d'autant plus appréciable que le public a peu d'occasions d'entendre de telles pièces. Appréciable aussi la présentation simple, claire, accessible à chacun, que l'on soit mélomane averti ou néophyte. De tous les compositeurs du programme c'est Marin Marais (1656-1728) qui est le plus connu. Des cinq livres de pièces pour viole de gambe qu'il composa pour viole de gambe, les deux premiers, composés par le jeune Marin Marais, sont les moins connus. Et nous ne sommes pas déçus, les quatre pièces, toutes des danses, sont interprétées sans fioritures ni excès ; nous voyons et écoutons les deux instruments dialoguer tout en douceur et en harmonie. Il nous faut ajouter que la technique impeccable de Florence Bolton et de Benjamin Perrot fait le reste tant la musique résonne avec une fluidité et un dynamisme inégalables. Pour le luth, nous avons évoqué Charles Mouton (vers 1626-vers 1699), dont la première pièce donne son titre à l'ensemble du programme ; l'autre « grand compositeur » pour luth est Ennemond Gautier « Le vieux Gaultier » (1575-1651) dont plusieurs livres nous sont parvenus. Cependant, ainsi que le disait Benjamin Perrot, aucun prélude du « Vieux Gaultier » ne nous est parvenu.Si nous apprécions le théorbiste « accompagnateur » , le luthiste séduit son public par une très belle interprétation des pièces qu'il a sélectionné pour l'occasion.

Nous avons assisté à une très belle soirée dont la grande force vient de la diversité des compositeurs présentés, dont plusieurs sont encore grandement méconnus. Nous apprécions aussi de voir que la musique baroque française a un répertoire d'une richesse et d'une profondeur incomparables. Et les bis présentés le confirment puisque les deux musiciens nous proposent une œuvre de Capu « La bourguignone» et une autre d'un élève de Marin Marais, Louis de Callerbevoie « L'Angélique ».

Compte rendu, concert. Lerné. Chapelle du château de Chavigny, le 22 août 2019. Dubuisson (XVIIe siècle) : prélude, allemande, courante, sarabande grave ; Marin Marais (1656-1728) : Rondeau (Ier livre), Les voix humaines (IIe livre), rondeau (IIIe livre), Folies d'Espagne (IIe livre) ; Nicolas Hotman (? - 1663) : Gigue ; Guillaume Jacquesson (XVIIe siècle) : Prélude ; Ennemond Gautier « Le vieux Gautier » (1575-1651) : Tombeau de Mézangeau, courante, canarie ; anonymes français (Paris BN Ms 1111) : Allemande, courante ; François Duffaut (avant 1604-avant 1672) : Prélude amila ; Charles Mouton (vers 1626-vers 1699) : La belle homicide, courante de Mr Gautier ; Jacques Gallot (vers 1625-vers 1695) : Les castagnettes ; Robert de Visée (vers 1650- vers 1732) : Chaconne en sol majeur ; Capu : La bourguignonne (bis N°1) ; Louis de Callerbevoie : l'Angélique (bis N°2). Florence Bolton, viole de gambe ; Benjamin Perrot, luth baroque, théorbe. Ensemble La rêveuse.

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