L'ensemble Consonance clot le festival La dive musique en l'église Saint Martin de Candes-Saint Martin


Pour notre dernier concert estival, nos pas nous portent dans le charmant petit village de Candes Saint Martin situé au cœur d'un triangle Saumur/Fontevraud/Montsoreau. Pour le dernier concert de l'édition 2019, les responsables du festival La dive musique ont invité l'ensemble Consonance qui arrive avec un programme autour des motets allemands des XVIIe et XVIIIe siècles dont Jean Sébastien Bach (1685-1750) et Georg Philipp Télémann (1681-1767) sont les plus grands représentants. C'est aussi l'occasion de (re)découvrir d'autres compositeurs plus ou moins contemporains de Bach et de Télémann moins connus pour Johann Hermann Schein (1586-1630) et Johann Kunhau (1660-1722) mais tout aussi intéressants. On notera aussi la volonté de François Bazola de présenter le programme dans une configuration rare à un par voix avec basse continue. Si l'on peut s'en étonner, le pari est largement réussi tant les artistes invités par François Bazola font montre d'un professionnalisme et d'une technique éprouvée.

Si nous apprécions la simplicité de l'installation du plateau, nous regrettons que Benjamin Garnier, le violoncelliste ait été totalement invisible pendant tout le concert. Cela étant dit, nous avons eu le plaisir d'écouter une basse continue de très haute volée qui accompagne avec talent les cinq chanteurs présents. Si le plateau vocal réuni pour interpréter ces motets allemands est remarquable, nous noterons la performance exceptionnelle de la jeune soprano Caroline Arnaud dont la voix éclatante envahit la nef de l'église Saint Martin sans efforts. La voix est saine et parfaitement maîtrisée, la technique parfaite, la tessiture large et assumée avec panache. François Bazola, chef et fondateur de l'ensemble Consonance, assume parfaitement la partie de basse ; cet ancien élève de William Christie dirige d'une main ferme des partitions certes difficiles mais faisant ressortir une foi simple, alternant savamment espoir, joie, tristesse. Vocalement, nous entendons une voix solide, saine, maîtrisée avec une très belle sûreté de métier. Clément Debieuvre (ténor) et Jean Michel Fumas (contre-ténor) sont dotés de fort belles voix mais nous regrettons de ne pas les avoir entendus plus à l'occasion de soli ; nous aurions aimé écouter un ou deux autres motets susceptibles de leur permettre de se faire entendre. Betsabée Haas qui chante la ligne de soprano II a certes une très belle voix mais elle manque un peu de puissance. Nous avons cependant l'occasion d'écouter cette belle artiste lors du motet Ein king ist uns geboren composé par Heinrich Schütz (1585-1672) pour lequel elle tient seule la partie de soprano.

Après une courte pause, l'ensemble Consonance entame la pièce centrale du concert qui est aussi celle qui donne son titre au programme. Jesu mein freude (le second motet de Bach choisi par Bazola pour ce programme) est l'expression d'une foi rayonnante et pleine d'espoir. La musique de Bach, si peu et mal connue à son époque connaît une véritable renaissance depuis environ deux cent ans (depuis la résurrection des Passions grâce à Félix Mendelssohn (1809-1847) qui les redirigea dès 1829). L'interprétation de ce motet, qui dure une bonne vingtaine de minutes, est un défi relevé avec talent tant les voix dialoguent, se marient avec grâce et lancent chaque thème à tour de rôle.

Si nous avons pu émettre quelques réserves, elles se révèlent somme toute assez mineures au vu du concert exceptionnel que nous a proposé l'ensemble Consonance en ce dimanche après midi en l'église Saint Martin de Candes. Les cinq chanteurs ont relevé avec brio et un grand talent le défi qui leur était lancé de chanter à un par voix. On ne peut aussi que saluer le talent de la basse continue parfaitement assumée par Benjamin Garnier (violoncelle) et Sébastien Wonner (orgue).

Compte rendu concert. Candes Saint Martin. Église abbatiale Saint Martin, le 25 août 2019. Jean Sébastien Bach (1685-1750) : Loubet der herren, Jesu mein freude ; Georg Philipp Télémann (1681-1767) : Fürwahr er trug unsre krankheit, Für warh (bis) ; Heinrich Schütz (1585-1672) : Was betrübst du dich, mein seele, Ein king ist uns geboren ; Johann Hermann Schein (1586-1630) : O Herr ich bin dein knecht, Lehre uns bedenken ; Johann Kunhau (1660-1722) : Tristis est anima mea. Caroline Arnaud, soprano ; Betsabée Haas, soprano ; Jean Michel Fumas, contre-ténor ; Clément Debieuvre, ténor ; François Bazola, basse. Benjamin Garnier, violoncelle, Sébastien Wonner, orgue. Ensemble consonance, François Bazola, direction.

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