Arie Van Beek revient à Poitiers pour diriger l'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine
Trois
ans après son dernier passage à la tête de l'Orchestre de Chambre
Nouvelle Aquitaine, le chef d'orchestre Arie Van Beek revient diriger
la phalange poitevine avec un programme dont le point d'orgue est un
concerto plutôt étonnant du compositeur Guillaume Connesson (né en
1970). Et d'ailleurs le soliste de cette œuvre inhabituelle n'est
pas forcément celui auquel on pense quand on voit un concerto au
programme d'un concert quel qu'il soit. Le vaste répertoire de
l'Orchestre de Chambre Nouvelle Aquitaine et l'excellence de
musiciens qui composent la phalange lui permet d'aborder une large
palette d’œuvres courant sur plus de quatre siècles d'histoire de
la musique.
Avec
les concertos grossos de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), le
public est en terrain connu. En ce mardi soir, c'est le concerto
N°2 qui est proposé par l'Orchestre de Chambre Nouvelle
Aquitaine. Pour interpréter le chef d'oeuvre de Haendel c'est un
effectif réduit qui s'installe autour du clavecin sur le côté
gauche du plateau ; Arie Van Beek, installé au milieu de ses
musiciens, dirige ce concerto très sobrement et avec une battue
claire, précise, nette. L'interprétation de ce concerto par l'OCNA
est d'autant plus réussie que l'orchestre l'aborde avec un effectif
réduit comme cela se pratiquait à l'époque de sa création et cela
sonne aussi bien, sinon mieux qu'avec un orchestre «normal» de
quarante à cinquante musiciens. Cependant, c'est la programmation de
Cythère, concerto pour quatuor de percussions et orchestre
composé en 2014 par Guillaume Connesson (né en 1970) qui fait
sortir le public de sa zone de confort. Pour ce concerto Guillaume
Connesson a placé un quatuor de percussions au centre de son chef
d’œuvre ; à l'occasion de ce concert c'est le quatuor Beat, celui
la même qui créa le concerto en 2014 à Lille, qui arrive sur scène
avec Arie Van Beek. Si l'on peut se laisser surprendre par la mise en
avant des percussions, le moins que l'on puisse dire c'est que
l'alliance percus solos/orchestre fonctionne très bien. L'écriture
très dense, dynamique fait la part belle à un soliste très
inhabituel tandis que l'orchestre, qui ne se contente pas d'un
accompagnement «traditionnel» et joue avec gourmandise une
partition fort bien écrite, même si la musique est exigeante et
difficile. Visiblement la musique de Connesson inspire Arie Van Beek
qui dirige avec une telle énergie qu'il danse sur le podium tout en
gardant une battue claire, nette, sobre. Le public, visiblement
séduit fait revenir le quatuor Beat à plusieurs reprises sur scène
; les quatre complices concèdent en bis l'un de leurs moreceaux, un
arrangement pour quatuor de percussions. Au retour de l'entracte,
l'OCNA joue la symphonie N°2 en do majeur de Robert Schumann
(1810-1856). Arie Van Beek souligne les différents thèmes avec
talent. Cette symphonie composée pendant une période difficile pour
Schumann, laisse entrevoir les pensées contradictoires qui agitaient
le compositeur pendant les années 1845-1846. L'alternance de
moments sombres et de moments d'espoirs est parfaitement rendu par
des tempi et des nuances adoptés à bon escient par un Arie Van Beek
très inspiré. La très belle interprétation du chef d'oeuvre de
Schumann par l'OCNA a séduit le public qui obtient un bis ; pour
cette fin de concert, Arie Van Beek reprend la fin du dernier
mouvement de la symphonie qu'il vient d'interpréter.
Pour
son dernier concert de la saison en cour, l'Orchestre de Chambre
Nouvelle Aquitaine a frappé fort, notamment avec Cythère, concerto
pour quatuor de percussions et orchestre de Guillaume Connesson. J'ai
noté avec plaisir la présence de nombreux enfants et adolescents
venus en famille ou avec leurs professeurs. Si l'on peut parfois
regretter le manque d'éducation musicale des jeunes enfants et des
adolescents, l'action du Théâtre Auditorium de Poitiers en
partenariat avec les établissements scolaire de la communauté
d'agglomérations de Grand Poitiers donné des résultats
remarquables.
Compte
rendu, concert. Poitiers. Auditorium, le 7 mai 2019. Georg
Fridrich Haendel (1685-1759) : concerto grosso op 3 N°2 ;
Guillaume Connesson (né en 1970) : Cythère, concerto pour
quatuor de percussions et orchestre ; Robert Schumann (1810-1856)
: symphonie N°2 en do majeur op 61. Quatuor Beat, percussions ;
Orchestre de chambre Nouvelle Aquitaine. Arie Van Beek, direction.
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