Véronique Gens : de la musique baroque à la mélodie française, une vie dédiée à l'opéra et au récital
En
ce début d'été, alors que nombre de festivals sont sur le point de
débuter, dont celui de Saintes, nous poursuivons notre série de
portraits d'artistes français et internationaux. Et c'est avec la
soprano Véronique Gens que nous débutons notre série d'interviews
estivales. C'est au téléphone que Véronique Gens, très
sollicitée par ailleurs, évoque avec nous son parcours, le récital
à venir au festival de Saintes la semaine suivante et ses projets.
Une
carrière remarquable
«J'ai
grandi dans une famille de mélomanes. Plus jeune, je chantais dans
une chorale d'enfants et je participais à des campings musicaux.
J'ai commencé mes études musicales au Conservatoire à Rayonnement
Régional d'Orléans avant d'aller au Conservatoire Supérieur
d’études Musicales de Paris où j'ai rencontré William Christie.»
nous dit Véronique Gens. «Cette rencontre a été déterminante
pour moi, car c'est à cette époque que j'ai fait mes débuts
professionnels dans Atys de Lully. Plus tard, avec Jean Claude
Malgoire, j'ai chanté mes premiers grands rôles mozartiens.» Et
d'ajouter : «En fin de compte, la musique française prend beaucoup
d'importance dans ma carrière. Il y a tant d’œuvres à découvrir
ou à redécouvrir dans ce répertoire; rien qu'avec la mélodie
française, par exemple, il y a de quoi faire de multiples récitals
avec des genres et des styles de composition très différents. Mais
je ne me cantonne pas qu'à la mélodie; l'opéra tient toujours une
place importante dans ma vie professionnelle, et cela me permet aussi
de ne pas me faire oublier de la scène; ce qui est très important.
Rien n'est plus dangereux que de se consacrer qu'à une infime partie
de la musique. Ainsi j'ai chanté dans la production de l'Opéra de
Paris Iphigénie en Tauride, au palais Garnier, dont la mise en
scène était réalisée par Christoph Warlikowski.»
Le
récital donné au festival de Saintes
Artiste
lyrique confirmée et récitaliste chevronnée, Véronique Gens fait
partie, avec Hervé Niquet entre autres artistes, des grands
défenseurs de la musique française. «Pour ce récital, je reprends
le programme de mon dernier CD «Néère»; le seul compositeur que
j'ai ajouté à mon programme est Claude Debussy(1862-1918) qui a
composé de très belles mélodies. Comme je ne tiens pas à faire
d'intégrales d'un seul compositeur, je mélange les genres tout en
veillant à maintenir un certain équilibre entre chacun. Pour mes
récitals et les enregistrements de mes CDs, je me fais accompagner
par Susan Manoff. C'est une excellente pianiste, nous sommes
complices et nous nous entendons très bien. La bonne entente entre
le chanteur et son accompagnateur est absolument nécessaire, cette
complicité constitue une partie importante du récital ou du CD et
cela s'entend tout de suite. Par ailleurs Susan Manoff n'accompagne,
par choix, que trois artistes en récital : Sandrine Piau, moi même
et Patricia Petibon car elle tient à maintenir la complicité qui la
lie avec nous. Personnellement je ne suis inféodée à personne en
particulier et par le passé plusieurs projets ont échoué parce
qu'on a tenté de m'imposer des pianistes avec qui je n'avais pas
forcément d'affinités.
Des
projets nombreux et variés alternant opéra et récital
Si
Véronique Gens accorde une place importante au répertoire français,
elle n'oublie pas non plus les autres répertoires à commencer par
l'Italie : «Après une nécessaire pause estivale, j'irai chanter
Shéhérazade en Suède. Mais pour moi, l'un des projets essentiels
dans les mois à venir sera ma prise de rôle en Desdemona dans
l'Otello de Verdi à l'Opéra de Vienne. J'ai aussi des projets de
concerts avec le Palazetto Bru Zane, notamment une production de
Proserpine, œuvre composée et créée en 1887 par Camille Saint
Saëns (1835-1921). Sont également prévues des séries d'Iphigénie
en Tauride, de Falstaff et de Don Giovanni.»
Artiste
active et très attachée à la défense d'un répertoire souvent
négligé, Véronique Gens ne se cantonne cependant pas qu'à ce
répertoire. Son parcours exceptionnel et ses multiples projets, tant
à l'opéra qu'au récital démontrent d'ailleurs avec éclat
l'attachement de cette artiste remarquable à son art quelque soit la
forme sous laquelle elle le décline.
Depuis
2016, Véronique Gens a poursuivi sa carrière avec succès. Si
certains des projets que nous avions évoqué lors de notre entretien
téléphonique n'ont finalement pas vu le jour, elle a toujours
rebondi, voyageant toujours par monts et par vaux tant en France qu'à
l'étranger. Via le Palazetto Bru Zane elle a enregistré des opéras
français rares, sous la direction d'Hervé Niquet et de Christophe
Rousset, entre autres chefs. Dans les apparitions notables de 2018,
elle fut une très belle Madame Lidoine dans la reprise de Dialogues
des carmélites de Francis Poulenc au Théâtre des Champs Élysées
en février ; quelques mois plus tard, elle a abordé pour la
première fois les Wesendonck lieder de Richard Wagner (1813-1883) au
Théâtre Auditorium de Poitiers sous la direction de Philippe
Herreweghe.
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